Der Standart / traduction // 26 06 14

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Avec « Variations orientalistes », de Sandra Iché, le Tanzquartier a fermé sa saison de manière fort réussie, avant sa pause estivale. L'occasion pour Sandra Iché de se positionner pour la seconde fois à Vienne comme une excellente artiste: la chorégraphe, née en 1978 à Paris, étudie l'histoire et les sciences politiques à la Sorbonne, ainsi que la danse auprès de l'école de danse renommée d'Anne Teresa De keermaekers à Bruxelles (PARTS). À présent, elle est l'exemple même d'une danseuse formée à l'école académique (notamment chez Maguy Marin) qui voue son travail à la performance documentaire. Sa thématique de prédilection est le Liban. On avait déjà pu observer cela il y a deux ans, dans une précédente creation, Wagons libres, qui, à l'occasion d'une tournée européenne, convainquait non seulement le public viennois, mais également un public international.

À la différence d'un Rabih Mroué que l'on a également déjà pu voir au Tanzquartier, et récemment lors des Wiener Festwochen, la vision du Liban d'Iché se manifeste d'un point de vue européen. Ainsi, dans Variations orientalistes, se succèdent sur scène des histoires articulées autour du Liban, imaginées par des collègues artistes qui ne connaissent le pays qu'à travers les histoires et les médias. Néanmoins, Mary Chebbah, Renaud Golo, Pascale Schaer et Vincent Weber ne laissent aucune place à la naïveté dans leurs histoires. La pièce est une composition de textes, d'images et de dialogues, dans laquelle Iché occupe un rôle d’enquêteuse critique.

La frontière entre fiction et documentation s'estompe, quand bien même le spectateur ne perd jamais de vue que tout ce qui est dit ici n'est « qu'invention ». Plus encore que dans Wagons libres, la réalité du Liban fait ici office de trame de fond, au profit de l'interprétation de narrations opérant comme des émanations de la documentation dont notre société médiatique tire son savoir. Il s'agit d’observer comment l'information touche aux sens, et comment ce contact est modifié

quand se dissipent les sources de l'information. Les Variations orientalistes de Sandra Iché ne sont pas pensées comme des jugements de valeur sur le contenu fictionnel du documentaire, par opposition à la part de vérité contenue dans la poésie. Elles jettent toutefois un regard critique sur les prétendues connaissances et leur charge esthétique. C’est une importante victoire.

Helmut Ploebst, DER STANDARD, 23.6.2014

Traduction Lisa Yahia Cherif

 

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