De Sandra Iché // créé en février 2012 au Parc de La Villette // en tournée // Coproduction : Festival Temps d'image – Les Halles de Schaerbeek (BE) / PACT Zollverein (DE) / le Parc de La Villette (FR) / Les Subsistances (FR).
En 2000, Sandra Iché écrit une histoire de L’Orient-Express, magazine francophone beyrouthin des années 1990, fondé et dirigé par l’historien et journaliste Samir Kassir. Dix ans plus tard, en 2010, elle mène une nouvelle série d’interviews avec les anciens de L'Orient-Express. Mais cette fois, chacun se prête à un entretien dont le protocole est pensé pour que la parole ne redouble plus le réel, indéfiniment sombre du « malheur arabe », mais s'autorise la fiction : l'interview a lieu en 2030, et depuis ce 2030, nous nous souvenons d'aujourd'hui.
La parole fait son oeuvre. Le souvenir, habituellement lieu de la nostalgie, est devenu outil de remise en jeu du présent : des paysages, des alliances géopolitiques, des modes de vie inédits ont été esquissés. Le réel lui a basculé, sans que cette bascule n’ait été d’aucune façon pressentie. Le 14 janvier 2011, le dictateur tunisien Zine el-Abidine Ben Ali, qui occupait le pouvoir depuis 25 ans, l’a quitté, poussé dehors par un mouvement révolutionnaire. Dans une forme déconstruite et spatialisée du dispositif documentaire, déployant chaque élément comme des unités autonomes –archives sonores et visuelles, notes de travail, voix off, témoignages, cadrages et mises au point–, Wagons Libres se frotte à cette question multiple : « Comment se fait l'Histoire? Comment la faire ? Comment la dire ? ». Et adopte un double parti-pris : politique et stylistique. Profiter de l'espace du théâtre pour faire le choix poétique d'une perturbation chronologique. Amarrer la réalité à la fiction, la fiction non pas comme un mensonge, mais comme un troisième oeil, une amplitude, et tracer des itinéraires vers des réinventions de nous dans le monde.
PRÉSENTATION VIDÉO // réalisée par Laure de Selys
CAPTATION PARTIELLE // réalisée par Guillaume Robert